L’équilibre acido basique : Docteur Herve Grosgogeat

L’équilibre entre les acides et les bases qui sont dans notre corps est essentiel car il conditionne nos réactions métaboliques, c’est à dire la vie humaine. Force est de constater que, trop acides, nous vieillissons prématurément.

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Quels sont les symptômes d’acidité ?
L’acidité est appelée acidité latente, c’est-à-dire qu’elle ne se manifeste pas tout de suite après s’être installée. Elle est insidieuse et évolue à bas bruit. Les signes cliniques les plus évidents sont donc assez courants et trompeurs : une fatigue chronique, des douleurs diffuses articulaires, musculaires, tendineuses, une anxiété exacerbée, des crises de colique néphrétique, une perte de musculature…
D’où provient-elle ?
Notre organisme n’est pas programmé génétiquement pour gérer, c’est-à-dire assimiler, l’alimentation moderne issue de l’agriculture et de l’industrialisation qui sont assez récentes à l’échelle de l’humanité.
Il y a une incompatibilité entre nos gènes qui ont peu évolué depuis la préhistoire et notre alimentation moderne.
L’acidité, production trop élevée d’acides par l’organisme, est liée à notre alimentation moderne qui est trop riche en aliments acidifiants et pas assez riche en aliments basifiants. D’où la rupture de l’équilibre entre les acides et les bases dans notre organisme.
Mais il existe d’autres causes d’acidification :
Le stress qui augmente l’acidité par plusieurs mécanismes : le stress répété d’une vie moderne trépidante nous pousse à consommer des aliments acidifiants facilement disponibles et qui « calent ». On constate que ce sont les aliments consommés en priorité par les sujets atteints de compulsions alimentaires. D’autre part, on a constaté qu’un état d’acidité appelé acidose latente est associé à un taux plus élevé de cortisol qui est une des hormones du stress et que le fait de neutraliser cette acidité permet d’abaisser le cortisol.
De plus, un exercice physique trop intense majore l’acidité alors qu’une activité physique régulière et non soutenue permet d’entretenir l’élimination des acides par la respiration.
Des régimes extrêmes tels que le jeûne peuvent aussi favoriser l’acidité de l’organisme.
L’âge est également un facteur d’acidité car la capacité d’élimination des acides par les reins est moins importante.
Enfin, certaines maladies chroniques telles que l’insuffisance rénale et le diabète favorisent l’acidité.
Quelle est la différence entre les aliments acidifiants et les aliments basifiants (ou alcalinisants) ?
Il faut avant tout préciser que les aliments acidifiants n’ont pas un goût acide.
En effet, il ne s’agit pas de goût mais en fait du résultat de la prise de l’aliment.
Il suffit de comparer notre corps à une usine : les matières premières (les aliments) entrent dans l’usine pour être ensuite introduites dans un grand fourneau. Dans ce fourneau a lieu une multitude de réactions (le métabolisme) et on aboutit ainsi à un produit final. A la fin de cette chaîne de réactions métaboliques, on trouvera soit des acides, soit des bases. J’insiste sur le fait qu’il s’agit du résultat final d’une « mise en contact » d’un élément de notre environnement avec notre propre corps.
Les aliments acidifiants sont les protéines animales (viandes, œufs, poissons, produits laitiers), les céréales, les pâtes, le riz, le pain, les noix, les amandes, les cacahuètes et les boissons de type colas et le sel.
Les aliments alcalinisants sont les légumes, les fruits, les pommes de terre, le soja, les noisettes, les épices, le vinaigre, le petit lait, les jus de fruits, bon nombre d’eaux gazeuses, le café et le vin.
Les aliments neutres sont l’huile d’olive et le sucre.
Il existe une échelle précise et spécifique du pouvoir acidifiant ou basifiant de chaque aliment.
Est-on en équilibre acide-base avec notre alimentation d’aujourd’hui ?
L’alimentation dite moderne fait la part belle aux aliments acidifiants.
Imaginons la balance acide-base :
– sur le plateau de gauche, les aliments acidifiants plus nombreux car plus facilement disponibles, plus rapides à préparer et à cuisiner et souvent moins onéreux.
– sur le plateau de droite, les aliments basifiants ou alcalinisants dont la consommation a peu à peu diminué au fil des siècles car, pour la plupart, ils ne font pas partie de la panoplie alimentaire de l’homme pressé.
C’est donc assez logiquement que nous constatons que ce déséquilibre de la balance se répercute sur l’assiette pour donner finalement un déséquilibre acide-base dans notre organisme.
De plus, cette alimentation moderne acidifiante génère d’autres problèmes que le déséquilibre acide-base lui-même car elle favorise les maladies cardio-vasculaires, le diabète, le surpoids et elle pourrait être impliquée dans la survenue de certaines maladies dégénératives. Toutes ces maladies chroniques sont des « maladies de civilisation ».
Comment fait-on le diagnostic d’état d’acidose latente ?
L’interrogatoire est un élément précieux du diagnostic car le Professeur Thomas Remer de l’Institut de recherche en nutrition infantile de Dortmund en Allemagne a élaboré le PRAL (potential renal acid load).
Il s’agit d’un indice, donc d’un chiffre, qui varie en fonction du contenu en minéraux de chaque aliment et qui traduit le potentiel d’acidité ou au contraire d’alcalinité généré par l’introduction de cet aliment dans l’organisme.
Par ailleurs, on peut utiliser des bandelettes pour mesurer le niveau d’acidité urinaire à condition de répéter les mesures plusieurs fois par jour pendant plusieurs jours.
L’excrétion nette acide est un examen plus précis qui repose sur les urines émises pendant 24 heures et se pratique en laboratoire spécialisé.
Quels sont les dégâts provoqués par l’acidité latente ?
Les observations et les recherches ont montré en premier lieu des dégâts osseux. En effet, notre corps est équipé de systèmes de neutralisation de l’acidité appelés systèmes tampons. Ceux-ci ont pour rôle essentiel de maintenir l’acidité du sang à un taux très stable faute de quoi notre vie serait en danger immédiat.
Lorsque ces tampons sont débordés l’organisme trouve une nouvelle parade : l’os, réservoir de minéraux, va relâcher ses minéraux alcalins (ou basiques) pour neutraliser les acides. De plus, la résorption osseuse par les ostéoclastes est stimulée en milieu acide.
Ainsi, les os vont se déminéraliser petit à petit pour aboutir à l’ostéoporose qui correspond à une perte de structure des os et à un risque élevé de fracture.
Parallèlement à ce phénomène, on assiste à une perte de la masse musculaire car certains acides aminés des muscles jouent également un rôle de neutralisation.
Enfin, on constate plus souvent des calculs urinaires chez les sujets en acidose latente car les reins sont des organes d’élimination des acides.
Quels sont les facteurs d’environnement qui augmentent l’acidité ?
Il faut noter que notre environnement naturel à tendance à s’acidifier lui aussi. Les pluies acides et l’acidification des océans en sont d’excellents exemples d’actualité. C’est une des signatures de l’industrialisation et de la modernisation sans réflexion suffisante et nous en avons donc la responsabilité.
Nos aliments sont de plus en plus pauvres en sels minéraux : la qualité des sols ne cesse de se dégrader à cause des pluies acides et la production agricole intensive ainsi que l’industrie alimentaire « lessivent » les aliments.
L’acidification des océans est un phénomène proche de celle des hommes car les organismes marins riches en minéraux tels que les coraux et les mollusques se déminéralisent eux aussi avec un risque de perturbation de la chaîne alimentaire et de conséquences écologiques.
L’être humain est en interaction constante avec son environnement et tout ceci nous fait penser que cette connexion est intime.
Quels sont donc mes conseils pour rétablir l’équilibre acide-base ?
Il s’agit avant tout d’apprendre à compenser à chaque repas le volume d’aliments acidifiants par un volume supérieur d’aliments alcalinisants : c’est la règle d’or des 70 /30 de la méthode acide-base. Cette règle est purement visuelle et elle consiste à mettre dans notre assiette 70% d’aliments alcalinisants et 30% d’aliments acidifiants au lieu de faire comme bien souvent le contraire.
Les aliments « stars » les plus alcalinisants sont parmi les fruits, les raisins secs, les figues sèches, le cassis, la banane, l’abricot et le kiwi, et parmi les légumes, les épinards, le persil, le chou frisé, le chou-rave et le céleri.
Il faut réduire la proportion de fromages, de protéines animales et de céréales et penser à en compenser systématiquement l’effet acidifiant par des aliments alcalinisants. Les protéines végétales telles que le soja constituent une bonne option d’échange.
Mais sachez qu’une quantité minimale de protéines est nécessaire pour la croissance et la vie : sans protéine, il n’y a pas de vie.
Par exemple, le repas classique steak haché, pâtes, parmesan est hyperacidifiant et peut être remplacé par des pâtes avec des légumes comme on le voit souvent en Italie ou bien par un steak et des légumes. Il faut rajouter un fruit en dessert afin de compenser l’acidité.
Et notre grand classique de l’étudiant ou de l’homme moderne pressé qu’est le sandwiche jambon-beurre-fromage ? Il pourrait laisser la place à une salade avec une protéine telle que l’œuf, le jambon ou le poulet et être lui aussi accompagné d’un fruit. Il faut penser à emporter avec soi quelques fruits secs qui sauront neutraliser par leur puissant effet alcalinisant les effets acidifiants de votre repas.
Boire des eaux riches en bicarbonates accentue l’alcalinisation de l’organisme. Ces eaux sont le plus souvent pétillantes et peuvent être consommées à raison de 2 ou 3 verres par jour en plus de votre bouteille d’eau minérale habituelle.
Eviter les sodas de type colas qui sont acidifiants.
Savoir éviter les aliments trop salés est aussi important car le sel est acidifiant et favorise la fuite de calcium urinaire donc il faut éviter par exemple les charcuteries pour leur contenu en protéines animales et en sel.
Attention à la cuisson des aliments car des légumes trop cuits auront tendance à perdre leurs vitamines, minéraux et oligoéléments. Or, ce sont les minéraux des légumes qui conditionnent leur pouvoir alcalinisant. Donc privilégiez les légumes crus sous forme de salades à chaque repas.
Je préconise de privilégier les fruits et légumes bio car ils sont cultivés sans apports de substances chimiques et car les engrais sont naturels. Les sols sont aussi importants car les végétaux y prennent leur substances nutritives, en l’occurrence les minéraux alcalinisants. Le soir, il est facile de recharger l’organisme en bases par une variété d’aliments alcalinisants tels qu’une soupe chaude de légumes et une salade de légumes crus et/ou cuits que l’on pourra associer à des protéines.
Une fois par semaine, on peut organiser un repas ou une journée uniquement alcaline à base de légumes et de fruits.
Il faut boire au moins 1,5 litre d’eau par jour afin de stimuler la fonction d’élimination des acides par les reins.
Les conseils de mode de vie portent sur l’activité physique régulière en endurance telle que la marche, le jogging ou la natation toutefois sans surmenage, par exemple sans atteindre le stade de crampes musculaires ou de fatigue anormale. 45 minutes à 1 heure d’exercice 3 fois par semaine permettent de stimuler l’élimination pulmonaire et cutanée des acides.
La gestion du stress est essentielle pour diminuer le taux de cortisol et favoriser une respiration efficace. Des exercices de méditation, des séances de massages et de drainages ainsi que des activités de loisirs en plein air sont ainsi tout à fait utiles pour compléter les mesures nutritionnelles.
Les compléments nutritionnels alcalinisants sont riches en éléments nutritifs alcalins des fruits et légumes d’où leur intérêt pour rétablir l’équilibre acide-base. Ils permettent de tamponner l’excès d’acides afin d’éviter les conséquences négatives de l’acidité.
Des études cliniques ont montré leur efficacité dans les douleurs lombaires et celles de la polyarthrite rhumatoïde D’autres études ont montré les effets bénéfiques sur l’os des suppléments alcalinisants dans différentes populations.
Il faut comprendre que la compensation est le maître mot de l’équilibre acide-base et qu’il suffit simplement de raisonner acide-base dans la vie quotidienne pour prévenir les effets de l’acidité sur notre organisme.
Penser et agir acide-base, c’est cesser de se maltraiter intérieurement et de maltraiter notre environnement.

Article publié le 4 mai 2007 par le Docteur Grosgogeat

 

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